Paris

Après le succès remporté par les premières saisons du Vieux-Colombier, Jacques Copeau est convié par le ministère de la Propagande à faire la promotion de la culture française aux États-Unis. Le souhait de Georges Clémenceau lui donne l’occasion de faire démobiliser une partie de ses acteurs et reconstituer sa troupe. Gaston Gallimard, Louis Jouvet, Charles Dullin, Suzanne Bing le rejoignent à New York où ils passent près de deux ans, de novembre 1917 à juin 1919, donnant 345 représentations au Garrick Theater. Pendant leur séjour, Copeau donne des conférences à travers le pays pour expliquer son projet de Comédie nouvelle, « une comédie moderne toute neuve, improvisée, avec des types tirés de la société actuelle. Une farce française du XXème siècle”. (Registres IV, p. 523).

Au cœur de la guerre, quelques écrivains saluent l’anniversaire dans leurs essais. La Société Littéraire de France produit une édition spéciale du tricentenaire du Roi Lear, traduite par Pierre Loti et Émile Vedel, illustrée de gravures sur bois par Jean Lebédeff. Romain Rolland publie dans une revue suisse, Demain, un article sur « La vérité dans le théâtre de Shakespeare », fragment d’un ouvrage en cours. « Shakespeare et l’âme anglaise » d’André Chevrillon, mai 1916, réfléchissant aux récentes célébrations, confirme le thème général du recueil de Gollancz : « le poète de l’épouvante et des roses » incarne la quintessence du génie anglais. Analysant son trait central, la prédominance de l’imagination concrète et du sentiment sur la pensée raisonneuse, il conclut que les Anglais sont avec les Slaves le seul peuple visionnaire d’Europe.